Lyon, mars 2011.
Dans le quartier du confluent, quai Rambaud ont poussé immeubles de bureaux et lieux d’expositions sur une friche industrielle. L’urbanisme consensuel dans la tendance de la réhabilitation urbaine, même quand il est réussi comme je trouve que c’est la cas ici, prête à sourire par son peuplement. Un regard sociologique repère les codes vestimentaires en vigueur en ces lieux : ce décalage subtil qui permet de se démarquer des cohortes de cadres dynamiques affublés de leur simple costume cravate. Le dandy d’aujourd’hui lui ajoute une pointe d’originalité dans le bout de ses chaussures (pointues, les chaussures), les rayures de son pantalon, l’ordonnancement faussement négligé de sa coiffure, l’épaisseur de la monture de ses lunettes, ou autres signes de reconnaissance destinés à ses coreligionnaires de la grande secte de l’art contemporain.
Ici, une galerie de design où se côtoient spécimens authentiques précités, couples descendus de leurs Porsche Cayenne en quête d’un objet déco pour leur intérieur et curieux égarés sac-à-dos-photo dont je suis.
La nature de mon regard porté sur ces lieux et ces gens m’interroge sur ma présence en ce lieu : je ne nie pas un vrai plaisir visuel à l’arpenter, malgré mon ignorance totale en matière de création contemporaine. Pourquoi alors ne pas me contenter de cette immersion et pourquoi soulever ces réflexions sociologiques ? Peut-être cela naît-il d’un besoin de prendre une posture analytique, comme une hauteur de vue, afin de compenser un sentiment de ne pas me sentir à ma place en ce lieu. Confusément peut-être, le besoin de lutter contre une condescendance – fantasmée car rien ne me permet d’étayer ce sentiment – ressentie.