Lille, octobre 2010.
Lire une photographie semble être simple, accessible car la syntaxe est réputée connue de tous, vécue au quotidien par le regard sur les choses réelles… Cette simplicité n’est qu’apparente. Car si décrypter la réalité est déjà ardu, une photographie en est déjà une interprétation subjective. A cela peut s’ajouter son titre, sa légende éventuelle. Quelquefois, c’est du texte qui est intégré dans les éléments de l’image et qui sont donnés à voir.
Alors, quelle intention a le photographe ? Abonde-t-il dans le sens du texte ? Propose-t-il un contraste entre le texte et les autres éléments de la photo ? Des symboles viennent-ils se surajouter à l’interprétation…?
Je commente rarement de manière explicite mes images mais une fois n’est pas coutume, je vais le faire ici.
Les éléments picturaux du premier plan sont un texte engagé et péremptoire ainsi qu’un aigle qui le surplombe. Cette association m’a mis mal à l’aise car cet aigle m’a évoqué un symbole fasciste et dans cette perspective, le texte me semblait être une attaque en règle contre toute forme de culture et d’intellectualisme contre lesquels la seule attitude qui vaille est de « sortir son revolver ».
Les reflets sont ceux de la zone devant la gare de Lille-Europe, faite d’architecture contemporaine que je trouve réussie. D’autre part, une évidence pour moi : ce type d’affiche, de ce (grand) format notamment, ne sont-elles pas faites pour être placardés sur des supports… architecturaux ? Contradiction donc… que j’ai voulu illustrer par les arches sur lesquelles l’aigle semble être posé. Enfin, la lumière de fin d’après-midi d’automne était jolie ce jour-là et j’ai trouvé intéressant de placer ce reflet d’immeuble (réalité architecturale) dans la position de transpercer le corps de cet aigle.