La quête photographique n’est pas faite d’évidences. Quelquefois, il faut se faire violence. Je lis actuellement des ouvrages consacrés à des photographes de rue. Garry Winogrand_ entre autres _ est remarquable quant à sa proximité des sujets photographiés qu’on lui sait inconnus. Il arpente les rues de New York à la recherche de scènes, de visages, d’instants. L’inverse de mon appétence qui, dans un espace public, consiste à saisir des lieux, des ambiances désincarnés ou qu’habitent quelquefois de simples silhouettes. Ici, l’affût a duré une vingtaine de minutes, le temps d’oser. Oser photographier frontalement, de près, oser saisir dans mon cadre des visages de passant, faisant fi de leur approbation. Oser et assumer l’effraction d’une parcelle d’intimité.