Nice, juin 2011.
Dans son ouvrage La chambre claire, Roland Barthes différencie le studium et le punctum en photographie, tous deux procurant une émotion. Le studium peut être rapproché du contexte de l’image, de son environnement ou de ce qu’elle évoque au spectateur du point de vue socio-culturel. Le punctum (la piqûre) est un élément de l’image vers lequel le regard revient inlassablement, un détail qui attire l’attention. L’affect étant beaucoup plus sollicité par le « punctum » que par le « studium ».
Cette image est pour moi assez paradoxale car j’avais envisagé la prise de vue construite non pas autour d’un détail mais plutôt en fonction de l’environnement (bord de mer, lumières de crépuscule, lieu de paraître). Une fois la photographie sur écran cependant, c’est le pied immobile du passant auprès duquel toujours revient mon œil. Il écrase de sa présence les éléments périphériques, et revient dominer ma lecture.
Alors, photo ratée ? Fruit du hasard ? Un peu des deux sans doute mais pas complètement non plus ; j’avais vu cet homme arriver, j’ai en toute conscience choisi de l’intégrer à l’image, avec l’aléa que son déplacement imposait… Mais il est bien évident que je ne pouvais pas anticiper son mouvement avec précision.
L’une des raisons de mon intérêt pour la photographie est qu’elle peut interroger l’auteur sur l’instant du déclenchement : quelles sont les parts de chance et de prescience dans le choix de l’instant ?