Vers la lumière.

2015-02-20-48

Jura, février 2010.

Une illustration d’une certitude née au moment de la prise de vue : celle que cette photo était destinée au noir et blanc. Qu’est-ce qui préside à ce choix ? Ici, j’avais affaire à une situation assez claire dans mon esprit. L’image est à l’origine pauvre en couleurs, presque monochrome. En revanche, le contraste y est fort. Les éléments présents sont assez graphiques.
C’est tout cela qui m’a mené à privilégier le choix du noir et blanc.
Toutefois, la première des motivations ci-dessus (pauvreté des couleurs du sujet) laisse supposer que parfois, le NB est un choix par défaut. Certes, cela peut être le cas. Mais personnellement, je ne me satisfait pas de ce pis-aller. Il faut que le NB apporte réellement quelque chose de supplémentaire à l’image. Et c’est là toute la difficulté de rationaliser ce choix.
En effet, la représentation populaire tient pour plus sérieuses les photographies en noir et blanc. Elles seraient le fait de professionnels, d’artistes ou d’amateurs avertis. Le noir et blanc est dans l’inconscient collectif corrélé à la culture légitime. La photographie couleurs est elle souvent associée à une photographie événementielle, familiale ou estivale. En tout cas bien loin d’ambitions artistiques.
Il me semble que les raisons en sont multiples mais l’une d’entre elles tient simplement au fait que dans un passé pas si lointain, toutes les photos (ou presque) étant en noir et blanc, les ouvrages d’art consacrés à la photographie accordent une place importante à son histoire, et donc… au noir et blanc. Par mimétisme, malgré les premiers pas puis la popularisation de la couleur, le noir et blanc est devenu un mode d’expression qui permet de marcher dans les traces de ces aînés en même temps que de se démarquer de l’usage populaire.
Je pense qu’au-delà du sujet qu’elle met en scène, une image est aussi une manière pour son auteur de se mettre en scène, de prendre la parole et de se situer sur une échelle sociale et culturelle. Le choix du noir et blanc est donc aussi bien affaire esthétique que représentationnelle.

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